L’empirisme contre-attaque

Europan 12 a pour thème « la Ville adaptable ». A Rouen, le site est une friche située rive gauche et faisant face à l’Ile Lacroix. Sa problématique : comment préparer le site et la ville à l’arrivée de la gare prévue d’ici 15 ans?

Notre réponse :

La future gare représente un bouleversement majeur, tant à l’échelle métropolitaine qu’à l’échelle ultra locale. Mais la gare, première porte de la ville, symbole identitaire fort, lieu de brassage des cultures, se résume trop souvent tristement alors à un espace standardisé.

Préparer un territoire à l’implantation de la gare, penser deux rives qui se font face dans un même projet, encourager la présence de la réflexion culturelle dans l’espace du projet urbain : la commande n’appelle pas à un objet fini, synthétisable en une perspective séductrice, mais à une méthodologie de projet nouvelle, ré-interrogeant le faire-la-ville.

A ville adaptable, projet adaptable !

Nous proposons de renverser les processus de projet : revalorisons l’empirisme.

Habitants, architectes, aménageurs, collectivité(s) publique(s), paysagistes, sont associés tant dans les décisions programmatiques que dans leur mise en œuvre, et inventent des dispositifs éphémères interrogeant un morceau du territoire. En fonction des phases d’aménagement et de leurs objectifs, une équipe-pilote est mise en place et associe un artiste, une école, une association d’habitants, …

La proposition n’est pas achevée, mais sans cesse remise en question.

Sa finalité est inconnue : seuls le temps, les expérimentations et le vécu détermineront l’aboutissement du projet. La mise en place d’une telle méthodologie induit une implication forte des acteurs, dans le temps et dans le processus décisionnel.

La méthode Scènes de barges pour des barges de Seine !

Des barges occupent l’espace de la Seine et vont travailler dans l’épaisseur des deux sites qui se font face. Elles proposent des espaces couverts pour se réunir, pour stocker, pour créer des salles d’accueil ou autre selon les besoins.

Chaque installation, appelée Scène de barges implique :

• un collectif de pilotage

• un projet culturel, social ou événementiel accompagnant le dispositif

• un aménagement pérenne sur l’île et/ou sur le quai rive gauche

• un bilan permettant de juger de la pertinence de cette implantation de passerelle.

Les Scènes de barges travaillent autant l’échelle métropolitaine que l’échelle locale. Elles expérimentent les lieux et les idées tout en préparant des aménagements pérennes, qui ne pourront être bénéfiques à la ville que s’ils sont appropriés par l’ensemble des acteurs concernés.

Le processus de projet présenté ici, à la fois culturel et urbain, apporte une cohésion sociale, moteur d’un aménagement que l’on pourra appeler durable au sens écologique et humaniste du terme.